Le cancer du col de l’utérus tue encore trop de jeunes femmes belges

11 décembre 2019
par Daily Science
Temps de lecture : 4 minutes

Dans le monde, en 2018, environ 570.000 femmes ont développé un cancer du col de l’utérus et 311.000 femmes en sont décédées. Plus spécifiquement en Belgique, au cours de cette même année, 640 ont appris qu’elles étaient atteintes de cette maladie et 235 en sont décédées. Cela en fait le 4e cancer le plus important chez les jeunes femmes dans notre pays.

C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par Sciensano avec le soutien de la Fondation contre le Cancer et en collaboration avec l’International Agency for Research on Cancer (IARC). Sciensano, l’Institut belge de santé, lance un appel pour un dépistage organisé dans toutes les régions du pays.

Plus le pays est riche, moins le cancer du col de l’utérus est présent

La situation socio-économique d’un pays influence le nombre de cancers du col de l’utérus . Dans les pays disposant d’un bon dépistage (comme l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale, la Nouvelle-Zélande et l’Australie), le nombre de cas est généralement peu élevé en comparaison avec les pays, généralement économiquement faibles, qui n’organisent pas les dépistages de manière effective. Ainsi, sur les 570.000 femmes confrontées à un cancer du col utérin dans le monde, près de 85% proviennent de pays à faibles revenus.

Sur les 570.000 femmes confrontées à un cancer du col utérin dans le monde, près de 85% proviennent de pays à faibles revenus © The Lancet

Quatrième cancer le plus important chez les jeunes femmes de 25 à 44 ans

En Belgique, environ 1 femme sur 100.000 aura un cancer du col de l’utérus avant son 75e anniversaire. Soit 2% des cancers féminins dans notre pays.

« Quatorzième de tous les cancers féminins en Belgique, il grimpe à la 4e place dans la tranche des 25 – 44 ans”, pointe Marc Arbyn de l’unité Épidémiologie du cancer du Centre du cancer de Sciensano et premier auteur de cette étude.

La solution ? la prévention

La principale cause de ce cancer est un virus dénommé papillome humain (VPH). L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère cette maladie comme un problème de santé publique. En 2018, elle a lancé un appel mondial afin d’améliorer la prévention d’ici 2030.

En vaccinant 90% des jeunes filles avant l’âge de 15 ans, en dépistant à deux reprises 70% des femmes âgées de 35 à 45 ans et en traitant directement 90% des lésions constatées et indiquant un précurseur du cancer du col utérin, le pari devrait pouvoir être tenu.

«L’initiative de l’OMS peut faire en sorte que le cancer du col de l’utérus devienne une maladie rare dans le monde entier au cours de ce siècle», affirme Marc Arbyn.

En Belgique, filles et garçons peuvent être vaccinés gratuitement

En Belgique, les Régions sont responsables de la prévention organisée du cancer du col de l’utérus.

« La Flandre dispose d’un programme officiel de dépistage, qui encourage les femmes de 25 à 64 ans à faire un frottis tous les trois ans. Une vaccination gratuite contre le VPH en première année de l’enseignement secondaire pour les filles a été instaurée, avec une couverture vaccinale de plus de 80%. Cette procédure a été récemment étendue aux garçons », détaille le spécialiste.

« La Wallonie et Bruxelles ne disposent pas encore d’un programme officiel de dépistage, mais la demande en a été faite. Dans l’attente, des campagnes de sensibilisation sont toutefois organisées. Il existe une vaccination gratuite contre le VPH en 2e année de l’enseignement secondaire pour les filles et les garçons, avec une couverture vaccinale de 30%. Cette vaccination gratuite a récemment été étendue aux garçons », poursuit-il.

La vaccination opportuniste représente un coût pour les parents

A côté de cela, une vaccination VPH opportuniste des jeunes filles de 12-18 ans n’ayant pas encore été vaccinées dans le cadre des programmes de vaccination régionaux est possible.

« Opportuniste signifie que l’initiative vient de la jeune fille elle-même, de ses parents ou du médecin. Cette vaccination opportuniste est en grande partie remboursée  par le Gouvernement fédéral, mais elle exige encore un complément de la part des parents de la jeune fille », explique Marc Arbyn.

Par ailleurs, le Gouvernement fédéral rembourse le frottis trisannuel (dépistage du cancer du col de l’utérus) et son analyse.

« Face à ces trois scénarios de vaccination et à des efforts asymétriques en matière de dépistage, et afin de répondre à l’appel de l’OMS, la Belgique a besoin d’une approche intégrée pour le dépistage et pour la vaccination VPH dans l’ensemble du pays » , conclut Marc Arbyn.

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