Galerie Planète Vivante © Christian Du Brulle

Toute une « Planète Vivante » à (re) découvrir

5 octobre 2020
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 6 minutes

Deux étages, six thématiques, des centaines d’animaux et, en guise de guide VIP, la muséologue qui a conçu la nouvelle galerie. Ce week-end, à Bruxelles, les lauréats du concours « biodiversité » proposé par Daily Science ont vécu un moment privilégié, riche en découvertes.

Le prix de ce concours consistait en la visite de la nouvelle salle « Planète Vivante » du Muséum des Sciences Naturelles de Belgique. Une salle tout entière consacrée à la biodiversité : un sujet qui fait régulièrement la Une des médias, tant les dernières nouvelles la concernant sont préoccupantes.

Dre Cécile Gerin, muséologue qui a conçu la galerie Planète Vivante © Christian Du Brulle

Un foisonnement éblouissant

Pour comprendre les enjeux liés à cette crise de la biodiversité, mieux vaut savoir de quoi on parle. La découverte de « Planète Vivante » est dans ce cadre, riche en apprentissage et passionnante.

« Planète Vivante, c’est d’abord une confrontation avec des centaines d’animaux », explique la Dre Cécile Gerin. « Nous les proposons sans classement particulier. Des animaux à poils côtoient des espèces à plumes ou à écailles. Ils ne sont pas regroupés selon une caractéristique ou l’autre. Nous voulions montrer le foisonnement des formes de vie qui peuplent notre planète ».

Le résultat est ébouriffant. Les animaux issus des collections de l’Institut royal des Sciences Naturelles de Belgique ont été habilement restaurés. Leur mise en scène interpelle. Leur proximité avec les visiteurs également. Pas de vitrine, il suffirait de tendre la main pour pouvoir les toucher. Le message passe : l’être humain vit au sein de cette biodiversité. Il en fait partie, il l’utilise, il en dépend.

C’est là une autre des thématiques abordées dans les textes explicatifs qui jalonnent la galerie. Celui des relations que les différentes espèces qui peuplent notre planète entretiennent entre elles. Leur interdépendance, leurs différentes formes de relations : mutualisme, parasitisme, commensalisme… « Chaque espèce joue un rôle, chacune a sa place sur Terre. Et quand l’une disparaît, c’est tout l’équilibre qui peut être perturbé », précise Dre Gerin.

Une becquée interactive © Christian Du Brulle

Une galerie lumineuse et éclairante

Si les animaux naturalisés sont ,évidemment, statiques, les muséologues ont cependant réussi à rendre leur galerie bel et bien vivante. Principalement quand la diversité des habitats occupés par ces multiples espèces est évoquée. Écrans géants, jeux d’ombres, projections donnent du rythme et de la vie à la galerie. Les images sont splendides. On se retrouve quasiment dans une nichée affamée, qui voit arriver un de ses parents pour une becquée.

La nouvelle galerie permanente est instructive, didactique, ludique. Le travail du scientifique qui étudie, qui classe le vivant y est également abordé.

L’impact de l’être humain également. Au sein d’une même espèce, on peut observer des spécimens d’apparences différentes. Prenons les poules. On en voit de toutes les sortes et de toutes les couleurs. Constituent-elles pour autant de nombreuses espèces différentes? Absolument pas. En réalité, toutes les poules appartiennent à la même espèce : Gallus gallus domesticus. Mais à force de sélectionner certaines de leurs caractéristiques, de multiples races sont apparues.

Le même phénomène a lieu pour les végétaux comme pour les chiens. Leurs différences résultent d’accidents naturels ou de sélections faites par les éleveurs. Globalement, les scientifiques désignent ces différences au sein d’une même espèce de « diversité intraspécifique ».

Une galerie ludique © Christian Du Brulle

La nature est résiliente… si on lui en laisse le temps

Planète Vivante aborde aussi des situations qui font froncer les sourcils. Comme les atteintes à l’environnement et à la biodiversité, que celles-ci soient naturelles (un volcan en éruption, par exemple), ou engendrée par les activités humaines (comme une marée noire).

« La nature est résiliente », assure la Dre Cécile Gerin. « Si on lui laisse le temps, elle reprend ses droits et la vie se redéploie. Comme se fut le cas à Tchernobyl, 25 ans après l’accident nucléaire : la biodiversité est revenue, mais différente de celle d’avant la catastrophe industrielle. Toutefois, quand les perturbations sont trop intenses ou trop fréquentes, le temps manque, des espèces disparaissent, d’autres survivent à peine. »

Par son utilisation des ressources, en continuelle augmentation, l’Homme exerce des pressions extrêmes sur la biodiversité et les habitats des espèces végétales et animales.

L’exemple des orangs-outans de Bornéo est à ce titre remarquable. Les forêts de Bornéo et de Sumatra, où vivent les orangs-outans, fondent à vue d’œil. On coupe les arbres pour produire de l’huile de palme, tracer des routes, creuser des mines ou planter d’autres essences industrielles. L’habitat naturel de ces grands singes se réduit à toute vitesse et leur population également. L’orang-outan pourrait disparaître de son milieu naturel dans les prochaines décennies.

Orang-outan reconstitué au départ de poils de vaches écossaises © Christian Du Brulle
Galerie Planète Vivante © Christian Du Brulle

Préserver la biodiversité : chacun peut agir

Au Muséum, un orang-outan toise les visiteurs en fin de parcours. Comme la quasi-totalité de spécimens présentés dans Planète Vivante, il s’agit d’un animal empaillé. À la différence qu’ici, le Muséum ne disposait pas d’un véritable orang-outan dans ses collections. L’animal au regard perplexe est donc une reconstitution effectuée au départ de poils de vaches écossaises. Le résultat est bluffant.

À sa manière, cette chimère, clairement mentionnée aux visiteurs, nous rappelle que la biodiversité et sa préservation est affaire de tous. Quand les derniers orangs-outans auront disparu, il ne restera que des poils de vaches écossaises pour nous aider à en reconstituer des copies figées. Ne serait-il pas plus sage de préserver les conditions nécessaires à la survie de cette espèce, et de tant d’autres ?

Pour cela, place à l’action. Le Muséum a ainsi rejoint le mouvement « Ensemble pour la biodiversité » qui invite chacun d’entre nous à ne pas rester passif face à ce drame silencieux. Avec plus de 70 autres organisations belges, ce mouvement propose conseils et actions concrètes pour protéger notre biodiversité. « Chaque geste compte, car c’est l’addition de toutes nos initiatives qui fera la différence », disent-ils. Message reçu cinq sur cinq? Si ce n’est pas le cas, un détour par Planète Vivante s’impose ! Histoire de comprendre dans quelle pièce nous jouons.

 

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