Spécialisée dans la diffusion des résultats les plus récents des recherches, la collection «Sciences de la gestion» présente «La gestion des ressources humaines en Afrique subsaharienne et en Afrique du Nord». Une coédition des Presses de l’Université du Québec et du Groupe Supdeco Dakar.
Les chercheurs de l’ULiège, du Congo, du Burundi, du Cameroun et du Maroc, Annie Cornet, Alexis Hakizumukama, Emmanuel Kamdem, Manal El Abboubi et Pascal Sem Mbimbi s’adressent aux étudiants en gestion, en sciences économiques, en sciences sociales et en sciences politiques. Aux experts en gestion des ressources humaines, de la réalité africaine. En mettant l’accent sur l’égalité professionnelle hommes/femmes. La diversité d’âge, d’origine, de nationalité.
Des études de cas
«L’originalité de l’ouvrage, outre le fait qu’il est avant tout conçu comme un manuel à destination des étudiants, mais aussi des professionnels, ce sont les études de cas, réalisées avec de nombreux professionnels», précise Annie Cornet, professeure à l’École de gestion de l’ULiège (HEC). «Un outil qui, nous l’espérons, sera très utile pour tous ceux et celles qui donnent cours en Afrique. Et dans les pays en développement.»
Quarante cas informent, questionnent. Dont: «Que proposez-vous pour donner toutes ses chances au modèle d’organisation qui diminue le nombre de responsables hiérarchiques et donne plus de responsabilité et d’autonomie aux travailleurs de la Société de distribution d’eau de la Côte d’Ivoire?». «Paradis, l’une des architectes stagiaires du bureau d’architecture MGS+ à Alger, reçoit une lettre annonçant son licenciement un mois avant la fin de son congé de maternité. Savez-vous si Paradis peut déposer une plainte pour discrimination?».
Les forces et les faiblesses de l’environnement
Pour déterminer les forces et les faiblesses de leur environnement, les chercheurs demandent aux étudiants de construire la grille d’analyse «PHESTEL» en 7 rubriques. Nationalement et régionalement. En s’appuyant sur les données récoltées sur le terrain.
Des exemples? Concernant le «P» de Politique, les chercheurs relèvent le pouvoir croissant de la société civile. «Société civile très active qui s’est construite pour combler les déficiences des services publics et de l’État. Nous pouvons souligner aussi le poids des médias. Même si les pressions et les contraintes sont nombreuses sur la presse.»
Pour le «H» d’Historique. «Les anciens États colonisateurs et d’autres États économiquement forts continuent de maintenir leur présence dans les économies des anciennes colonies, par un contrôle sur les matières premières. Et par le poids des règles bureaucratiques, souvent issues de ces colonies.»
Le Botswana donne l’exemple
Sous la lettre «E» d’Économique. «L’entrepreneuriat féminin, la place des femmes dans les coopératives et dans les associations de la société civile sont de plus en plus un point d’entrée pour lutter contre la pauvreté. Le cas du Botswana est tout à fait intéressant. Ce petit pays, placé au premier rang des pays africains en matière de gouvernance et de transparence, a utilisé son sous-sol riche en diamants pour plus d’égalité, une meilleure éducation et des services publics.»
Concernant le «S» de Social ou Socioculturel. «L’un des enjeux les plus importants, pour beaucoup de grandes villes d’Afrique subsaharienne et de l’Afrique du Nord, est l’exode rural et la périurbanisation, qui posent de sérieux problèmes d’accès au logement et à l’emploi. Notamment pour les plus jeunes. La privatisation de l’enseignement entraîne des coûts d’accès très importants. Avec d’importantes inégalités sexuées.»
Le «T» pour Technologique. «Si de nombreuses usines se sont implantées dans les pays du sud, force est de constater que beaucoup de brevets demeurent la propriété de sociétés occidentales. Les mutations technologiques et l’automatisation des postes de travail entraînent la destruction, mais aussi la création d’emplois. Cette question est très visible avec l’automatisation des banques qui entraîne la suppression de plusieurs milliers d’emplois. Notamment pour le personnel des guichets.»
Le «E» pour Écologique. «Les pays africains possèdent une grande part des ressources naturelles mondiales. Mais les infrastructures liées à leur gestion sont parfois vétustes, avec seulement une petite partie du potentiel qui est exploitée. Pensons notamment aux barrages Inga II et III en République démocratique du Congo, qui pourraient potentiellement offrir l’électricité à toute l’Afrique.»
Le «L» pour Légal. «Au Maroc, le projet Saleem encourage les étudiants ayant une idée d’entreprise à lancer leur projet pendant leur cursus universitaire.»