Antoine Ide, doctorant à l'UCLouvain, a remporté la finale nationale du concours "Ma Thèse en 180 secondes" © ULB

Vulgariser la science pour davantage de démocratie

22 mai 2024
par Laetitia Theunis
Temps de lecture : 4 minutes

Voilà déjà 10 ans que des doctorants et doctorantes, issus de toutes les disciplines, s’affrontent lors du concours « Ma Thèse en 180 secondes » (MT180). Le défi consiste à présenter leur recherche de manière vulgarisée et attractive en 180 secondes : un seul en scène avec comme seul support, une illustration.

Cette année, la finale nationale a eu lieu à l’ULB. Parmi les 15 chercheuses et chercheurs lauréats de leur université, c’est Antoine Ide, doctorant FRIA-FNRS au sein de l’Institute of Biomolecular Science and Technology de l’Université catholique de Louvain (UCLouvain), qui l’a remportée. Sa présentation “La gourmandise est un bien vilain défaut”, sur des graisses issues d’un arbre africain capables de détruire des cellules cancéreuses, a subjugué le jury : il a allié le fond et la forme et amené de façon claire des informations scientifiques pertinentes et complexes dans un one-man-show succulent. Antoine Ide représentera nos couleurs au concours international Ma Thèse en 180 secondes qui se tiendra le 18 novembre 2024 à Abidjan (Côte d’Ivoire).

Permettre au plus grand nombre de comprendre

Ce concours permet à de jeunes chercheuses et chercheurs de découvrir la vulgarisation scientifique. Et l’effort que représente l’exercice.

L’université repose sur 3 piliers : la recherche, c’est-à-dire faire progresser les connaissances ; l’enseignement et le service à la société. « Chaque fois qu’on nous pose des questions, à nous, chercheurs des universités, qu’elles émanent de journalistes ou du public, on doit essayer d’y répondre », explique Pr Pasquale Nardone, physicien à l’ULB, vulgarisateur scientifique et président du jury du concours national MT180.

« Et ce n’est pas simple. Pour y parvenir, le travail de vulgarisation est absolument fondamental, car selon les chiffres de la communauté française, en moyenne, seuls 4% de la population ont un niveau scientifique suffisant pour comprendre ce qui arrive dans notre environnement social et culturel et technique », continue-t-il.

« Il est essentiel de transmettre ces connaissances aux 96% de la population qui sont en droit, démocratiquement, de s’exprimer et donc de déterminer des choix politiques. Et ce, afin qu’ils puissent comprendre quels sont les impacts de la technique et de la science, sur notre environnement social, politique et démocratique », précise Pr Pasquale Nardone. C’est dans cette optique que s’inscrit le concours Ma thèse en 180 secondes.

Un bond de géant dans ses aptitudes d’éloquence

Au cours des 10 dernières années, les lauréats belges ont remporté par deux fois la finale internationale de ce concours.

Adrien Deliège a remporté l’édition qui s’est tenue en 2015, à Paris. Mathématicien réalisant une thèse à l’ULiège, il avait intitulé sa présentation « El Niño, quand les mathématiques rythment les catastrophes climatiques. »

« Je me suis préparé comme un fou. J’ai répété 100 ou 150 fois. Je répétais dos au chrono, et je me retournais à la dernière seconde pour voir si je finissais dans les temps. Je savais exactement quand je devais avaler ma salive… », se rappelle le lauréat liégeois non sans humour.

« Le concours MT180 a été l’une des expériences les plus enrichissantes de mon parcours doctoral. Il m’a notamment appris à prendre la parole avec aisance devant une audience notamment lors de conférences scientifiques. » En effet, tant à la finale nationale qu’à la finale internationale, les candidats ont accès à des exercices de prestance scénique et de gestion du stress.

Continuer à partager

Quant à Natacha Delrez, vétérinaire en virologie (ULiège elle aussi), elle a remporté la finale internationale qui s’est tenue à Dakar en 2019. Sa présentation était intitulée « Il était une fois l’anguille, le virus et la luciole ». « A l’époque, mon entourage ne comprenait pas exactement ce qu’était une thèse de doctorat, être chercheuse dans un laboratoire, ou la recherche tout simplement. Je me suis dite que c’était un bon exercice d’essayer de résumer cela en 180 secondes. »

« Plus on parlera de la recherche, mieux elle sera comprise. Dans certaines thématiques, c’est en transmettant l’information et en sensibilisant le grand public qu’on peut se préparer à changer les choses. »

« En parallèle de mon métier de chercheuse, j’ai découvert la joie et le plaisir de partager. C’est ainsi que je m’implique dans des événements tels que la médiation scientifique dans les écoles, ou lors de journées portes ouvertes dans l’Institut de Recherche Ifremer (France) où je réalise un postdoctorat », ajoute Dre Delrez.

Vulgariser et transmettre, c’est aussi la mission de Daily Science qui décortique quotidiennement diverses thématiques scientifiques afin de les rendre accessibles à tous et toutes. Et ce, depuis 10 ans ! Il n’existe pas une manière unique de vulgariser, mais une multitude. Toutes sont valables tant qu’elles font découvrir et comprendre notre monde et nos sociétés.

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