L’archéologue Peter Eeckhout (ULB) et son équipe en mission au Pérou viennent de découvrir un temple précolombien décoré de peintures murales. C’est la première fois depuis 1938 que des peintures murales polychromes de cette époque sont découvertes sur le site de Pachacamac. « Seuls quelques motifs ont pu jusqu’ici être identifiés. Les peintures de couleur rouge, jaune, noir, blanc, bleu, et vert ont été parfois disposées en plusieurs couches », révèle l’équipe.
Mardi, depuis le Pérou, Peter Eeckhout confirmait à Daily Science par téléphone cette incroyable découverte. Las, entre un rendez-vous avec l’ambassadeur de Belgique sur place et une conférence au Ministère de la Culture, l’archéologue belge n’a guère pu nous livrer beaucoup plus de détails.
On sait par contre grâce à un communiqué de l’ULB que les peintures polychromes ont été mises au jour lors de la fouille d’un petit bâtiment en terre crue, jusqu’alors inexploré. Il pourrait s’agir d’un temple. En outre, de nombreuses offrandes couvraient le sol des pièces et des couloirs de ce sanctuaire. « Il s’agirait d’un rituel d’abandon du temple consécutif à la conquête espagnole de 1533 », indique l’Université.
Lieu de pèlerinage
Ces offrandes comprennent des objets et des matériaux très divers, issus de différentes régions des Andes : ornements en plumes de perroquets, et graines d’Amazonie, pierres noires des montagnes choisies pour leurs formes particulières, coquillages bruts et taillés en provenance de l’Equateur, coupes ouvragées incrustées de nacre dans le style de la Côte nord, métal, céramique inca, etc.
Selon les archéologues, ceci témoignerait de la pratique du pèlerinage à longue distance dont le site faisait l’objet sous l’Empire inca.
Le site préhispanique de Pachacamac est situé à une trentaine de kilomètres au sud de Lima. Il s’étend sur plusieurs centaines d’hectares, à l’embouchure du fleuve Lurín. Il est considéré comme l’un des sites les plus importants des Andes Centrales, au même titre que le Machu Picchu, Tiahuanaco et Nazca.
Depuis 1999, le « Projet Ychsma » dirigé par Peter Eeckhout, mène des recherches archéologiques dans l’enceinte de ce site. Ychsma fait référence à l’ethnie qui occupait le site entre 900 et 1470 environ. Cette cité a ensuite été intégrée à l’Empire inca. Elle est depuis connue sous le nom de Pachacamac.
Squelettes et momies
Ce n’est pas la première fois que les campagnes de fouilles belges sur place livrent d’importantes découvertes. En 2012, les chercheurs du Centre de recherches archéologiques (CreA) de l’Université libre de Bruxelles (ULB) avaient déjà mis au jour un tombeau contenant plusieurs dizaines de défunts de différents âges.
Dans deux pièces souterraines, les archéologues avaient découvert sur deux niveaux plus de 70 squelettes et momies. Ils étaient accompagnés de nombreuses offrandes : vases en céramique, animaux (chien, cochons d’Inde), bijoux en cuivre et en alliage d’or, masques « fausses-têtes » en bois peint, calebasses, etc. Le style de certaines des offrandes semblait indiquer que le tombeau remonte aux environs de l’an mille.
Le Projet Ychsma bénéficie du soutien du Centre de Recherches Archéologie et Patrimoine de l’ULB, de la Fondation ULB et du Fonds National de la Recherche Scientifique.