La Terre © EUMETSAT

Nous sommes toutes et tous des astronautes

3 avril 2024
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 4 minutes

L’exposition temporaire Planet Happiness, qui vient de s’ouvrir au Palais de la Dynastie, à Bruxelles, est une invitation au voyage. Un voyage dans l’espace tout d’abord, qui commence par la découverte de maquettes de quelques engins spatiaux. Par exemple, la sonde européenne Huygens, qui s’est posée en 2005, à la surface de Titan, la principale lune de la planète Saturne. Ou encore un modèle réduit du satellite météorologique de troisième génération d’Eumetsat, baptisé « MTG ».

Plus loin, on découvre diverses informations sur notre planète, sa place dans le Système solaire, dans la Galaxie, mais aussi sur divers objets de notre Système planétaire, comme la multitude de lunes qui y ont été détectées.

Si on connaît bien « notre » Lune, celle-ci est loin d’être un phénomène isolé. Les plus grosses planètes qui gravitent avec nous autour du Soleil en comptent chacune de belles brochettes. Jupiter compte 95 lunes répertoriées, là où Saturne en totalise 146. « Chaque lune représente un trésor potentiel de connaissances scientifiques qui permettrait des avancées majeures dans l’étude de l’histoire et de la formation du Système solaire. »

Rendez-vous astronomiques artistico-poétiques

Plus loin encore, on plonge dans diverses représentations artistico-poétiques de certains concepts astronomiques parfois compliqués à saisir d’emblée. C’est l’autre volet de ce voyage spatial qu’entend incarner Planet Happiness.

Par l’entremise de dispositifs artistiques et lumineux, l’exposition propose une certaine vision de la Voie lactée. « S’étendant sur 100.000 années-lumière, elle berce 100 à 400 milliards d’étoiles dans un bal de gaz et de poussières qui donne naissance à de nouveaux corps célestes », y apprend-on. Le visiteur se perd dans un dispositif de boules lumineuses qui évoluent au gré de son passage et dont les reflets dans les miroirs qui recouvrent murs, plafond et plancher génèrent un effet abyssal.

Ailleurs, c’est un autre spectacle cinétique qui intrigue et invite à la rêverie: celui de l’explosion d’une supernova. « Dans le chaos de ces explosions stellaires, des éléments lourds comme le carbone, l’oxygène et le fer sont forgés, ingrédients essentiels à la vie telle que nous la connaissons. Ces particules de poussières d’étoiles dérivent dans l’espace depuis la nuit des temps, se regroupant pour former des planètes comme la Terre et, finalement, pour donner vous et moi. Nous sommes, au sens propre, faits de restes de feux d’artifice cosmiques.»

Et, comme le dit la physicienne Nancy Vermeulen, qui a collaboré à cette exposition, soutenue par l’Agence spatiale européenne, EUMETSAT, et la Politique Scientifique fédérale, « nous sommes, en réalité, tous des astronautes. Notre vaisseau spatial, c’est la Terre qui file à plus de 1000 km/h autour du Soleil ». Mme Vermeulen fut candidate astronaute européenne en 2008, mais n’a pas été sélectionnée par l’ESA.

Supernova, exposition Happiness © Christian Du Brulle

Huit milliards d’aventuriers de l’espace

Cela ne l’empêche pas d’attirer l’attention des visiteurs sur les qualités que les astronautes professionnels, ceux qui voyagent réellement dans l’espace, doivent nécessairement cultiver.

« Le leadership, la communication, le travail d’équipe et l’intelligence émotionnelle jouent un rôle crucial lors de séjours prolongés dans l’espace ou de missions habitées lointaines », dit-elle. « Les voyages spatiaux imposent aux astronautes de rester de longues périodes dans un environnement clos et réduit. Cette isolation dans un espace limité peut conduire au stress, à l’anxiété, et même à des conflits. Un commandement efficace est donc essentiel pour maintenir une atmosphère positive et résoudre les problèmes. »

« Sélectionner des astronautes dotés du profil psychologique adéquat est crucial. Les astronautes doivent s’assurer que chaque membre de leur équipe reste motivé et conscient des objectifs de la mission, concourant à la poursuite d’objectifs communs et au maintien de la concentration. »

Voilà sans aucun doute un message auquel les nouveaux astronautes de l’ESA, recrutés en 2022, dont le Belge Raphaël Liégeois, et qui terminent fin avril leur formation initiale, ont, sans aucun doute, été sensibilisés.

Un message qui ne demande qu’à résonner aussi sur Terre auprès de ses quelque huit milliards d’astronautes.

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