Le roi Philippe remet l'un des Prix Quinquennaux du FNRS et du FWO au Pr Patrizio Lancellotti de l'Université de Liège © Christian Du Brulle

Excellence et créativité: les deux atouts de la recherche fondamentale

7 octobre 2021
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 5 minutes

Les Prix Quinquennaux 2020 du FNRS et leurs équivalents flamands du FWO (Fonds Wetenschappelijk Onderzoek), les « Excellentieprijzen », viennent d’être remis à dix scientifiques belges plébiscités par des jurys internationaux.

Attribués tous les cinq ans, ces prix millésimés 2020, ont été attribués à deux femmes et à huit hommes. Vu les circonstances sanitaires qui prévalaient l’an dernier, la remise de ces récompenses avait été repoussée à cette semaine. C’est donc lundi, et des mains du roi Philippe, que les lauréats ont reçu leurs prix, à Bozar, lors d’une cérémonie qui a rassemblé les plus brillants cerveaux du pays.

Quatre prix sur cinq pour des chercheurs de l’UCLouvain

En ce qui concerne les Prix Quinquennaux, c’est tout d’abord Véronique Dehant, géophysicienne et planétologue de l’Observatoire royal de Belgique et professeure à l’UCLouvain qui a été récompensée.  Lauréate du Prix Dr Alphonse De Leeuw-Damry-Bourlart qui récompense l’excellence de la recherche en Sciences exactes fondamentales, ses travaux « sur la caractérisation précise de l’axe de rotation de la Terre ont abouti à un nouveau modèle de référence »,  explique le jury. « En appliquant des méthodes similaires à d’autres planètes du système solaire, elle a fait des découvertes qui ont eu un impact sur le développement de nombreuses missions spatiales ».

Le Professeur Jean-Christophe Charlier, spécialiste de physique nanoscopique à l’UCLouvain a pour sa part reçu le Prix Dr Alphonse De Leeuw-Damry-Bourlart pour les Sciences exactes appliquées, suite à ses travaux sur la structure, la stabilité et les propriétés électroniques des nanotubes à parois multiples. « Il a également été le premier à décrire la production de microparticules cubiques de diamant de haute pureté par activation thermique du graphène », pointe le jury.

Deux autres scientifiques de l’UCLouvain (qui a accaparé les Prix Quinquennaux cette fois-ci avec quatre prix sur cinq)  ont également été récompensés.

La cardiologie liégeoise à l’honneur

Le Professeur Vassilis Saroglou, Directeur du Centre de Psychologie de la Religion de l’UCLouvain  a reçu le Prix Ernest-John Solvay en Sciences humaines et sociales. « Le Professeur Saroglou se distingue par la manière dont il a su rassembler des courants de pensée disparates, créant ainsi un sous-domaine multidisciplinaire et, ce faisant, abordant une série de questions pertinentes et fondamentales qui préoccupent la société au sens large », explique le jury.

Quant au Pr Jean-François Collet, il est lauréat du Prix Joseph Maisin pour les Sciences biomédicales fondamentales. Ses recherches sur les bactéries et leurs mécanismes de réponse aux agressions extérieures « ouvrent la voie à la conception d’une nouvelle classe d’agents antibactériens », dit le jury.

Le cinquième Prix Quinquennal a été attribué au cardiologue et professeur de l’Université de Liège Patrizio Lancellotti. Lauréat du Prix Joseph Maisin pour les Sciences biomédicales cliniques, il est récompensé pour « ses contributions cliniques et scientifiques majeures dans le domaine des maladies cardiaques valvulaires et de l’imagerie cardiovasculaire (échographie de stress), qui ont ouvert la voie à de nouvelles approches diagnostiques et thérapeutiques ».

Deux Prix Francqui distingués par le FWO

Au final, avec la remise de ces prix, ce sont finalement quatre universités qui ont, par la même occasion, été mises à l’honneur: deux du côté de la Fédération Wallonie-Bruxelles (UCLouvain et ULiège), et deux du côté flamand (KULeuven et Ugent).

Du côté du FWO, ce sont en effet trois chercheurs de la KULeuven qui ont reçu un prix d’Excellence (Excellentieprijs) et deux de l’Université de Gand (Ugent).

La seconde chercheuse récompensée cette année est la Pre Conny Aerts, astrophysicienne à la KULeuven, pour ses travaux en astrophysique. Elle avait déjà été récompensée dans le passé par un autre prix scientifique belge prestigieux, le Prix Francqui, en  2012.

A ses côtés, on retrouve les Pr Wout Boerjan (VIB – UGent), Bart Lambrecht (VIB – UGent et lui aussi lauréat du Prix Francqui en 2014, Guy Boeckxstaens (KU Leuven) et Johan Wagemans (KU Leuven).

Un débat entre plusieurs présidents et vice-présidents des jurys internationaux qui ont attribué les Prix Quinquennaux du FNRS a permis de rappeler l’importance du financement de la Recherche pour la société. L’indispensable excellence de la recherche a, bien entendu, été soulignée, notamment par le Pr Jean-Pierre Bourguignon. Le mathématicien français, qui fut jusqu’à cet été le président du Conseil européen de la Recherche, une agence de l’Union européenne qui finance la recherche de pointe, a insisté sur cette nécessaire excellence scientifique. Mais il a aussi parlé de créativité. Et de la nécessité de ne pas ignorer des chercheurs qui s’intéressent à des domaines qui ne semblent pas, de prime abord, très prometteurs. « Parce que c’est de là que jaillit la créativité, et avec elle, nos prochains chercheurs d’excellence  », a-t-il dit en substance.

Un avis partagé par la Pre Heidi Keller, de l’Université hébraïque de Jérusalem. Elle a rappelé que c’est notamment grâce au travail original de la médecin d’origine turque Özlem Türeci, directrice scientifique de  la société BioNTech sur les thérapies basées sur l’ARN messager, que les premiers vaccins innovants de ce type contre le Covid-19 ont pu rapidement être mis au point.

Un témoignage qui montre que la créativité et l’excellence sont les ferments d’une société meilleure. Les lauréats des prix Quinquennaux en sont d’excellents exemples.

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