Au 31 décembre 2019, la Wallonie aura terminé la révision complète de la carte géologique de l’entièreté de son territoire. La dernière édition datait de plus d’une centaine d’années.
« C’est un gros boulot qui a pris 30 ans », explique Daniel Pacyna, responsable de la Direction des Risques Industriels, Géologiques et Miniers du service géologique de Wallonie. « Une dizaine de géologues ont parcouru toute la Wallonie pour réaliser des cartes géologiques au 1/25.000, soit parmi les plus précises au monde. On sait désormais exactement à quel endroit trouver une formation déterminée. »
« A cette carte de base, en libre accès sur notre site web, chacun peut surimposer les données thématiques de son choix : glissements de terrain, carrières souterraines, présence de karst lequel est en évolution constante. Sur base des plans miniers et des dossiers administratifs d’antan, nous avons réalisé des dizaines de milliers de plans permettant de localiser précisément les puits de mine. »
Localement, effondrements et affaissements peuvent être courants
Cela permettra, entre autres, aux futurs propriétaires d’un bâtiment d’acheter leur bien immobilier en âme et conscience. Connaître la nature du sous-sol en termes de risques d’effondrement (trou révélant des parois nues) et d’affaissement (cuvette sans paroi nue) est une information capitale.
Un effondrement résulte toujours de la présence d’une cavité en profondeur. Que ce soit une galerie de mine, de carrière ou une grotte en sous-sol. Une fois que le toit de la cavité commence à s’ébouler, les morceaux tombent les uns après les autres, une cheminée se forme, remonte au rythme des pans qui tombent et finit par atteindre la surface.
Jadis, les mines en exploitation provoquaient des effondrements de plusieurs dizaines d’hectares. Aujourd’hui, il s’agit essentiellement d’effondrements localisés : un terrain s’enfonce plus ou moins fort sur des surfaces de quelques mètres carrés à quelques dizaines de mètres carrés.
Risques d’effondrement du sol en Hesbaye, Hainaut, Brabant wallon
« En Hesbaye, des effondrements d’un mètre de diamètre, avec 3-4 mètres de profondeur, c’est banal. Ils résultent de la présence souterraine de puits à phosphate. Pendant des siècles, ceux-ci ont été creusés par les agriculteurs pour prélever la craie, précieux amendement pour leurs champs », explique Daniel Pacyna.
« Dans le Brabant wallon, qui était agricole jadis, mais aussi à Liège et à Mons, des effondrements moins courants, mais plus importants, jusqu’à 5 mètres de diamètre, peuvent survenir. Ils sont liés à des carrières de craie, exploitée pour la fabrication de chaux servant dans les ciments, ou de sable calcareux. »
Les infiltrations d’eau causent des effondrements
D’autres effondrements naturels sont liés aux vides karstiques. « Les vidanges de poches karstiques sont bien connues en Condroz et en Ardenne. Des phénomènes équivalents se rencontrent dans les craies. En de nombreux endroits, elles ont été altérées. Les matériaux meubles du dessus s’y sont infiltrés sous forme de poches plus ou moins vastes. A La Malogne (Cuesmes), certaines font des milliers de mètres cubes. Suite à des infiltrations d’eau prolongées, ces poches peuvent se vider dans les fractures de la roche. Les sables se déplacent alors et créent un effondrement en surface, comme un sablier. Ces phénomènes peuvent engendrer en surface des déformations de 10 mètres de diamètre, alors qu’il n’y a pas de vide franc en dessous», analyse Daniel Pacyna.
Une révision permanente de la géologie locale
La précédente carte géologique wallonne est restée figée pendant plus d’un siècle. Désormais, les plus de 200.000 points de description de territoire seront révisés en continu. « On continue à collecter l’information géologique chaque fois qu’il y a des forages pour des prises d’eau, des sondes géothermiques et autres. Cela permet d’affiner la carte. Elle va donc évoluer en permanence, en gardant une trace de tout ce qui a été fait précédemment.»
Savoir à quoi on s’expose avant l’achat d’un terrain
« En parallèle, nous avons créé un autre outil : la fiche d’information sous-sol. Toutes nos bases de données peuvent être croisées sur base d’une parcelle. Tout citoyen voulant acheter un terrain peut nous donner les coordonnées géographiques, et on lui envoie un document normalisé interrogeant toutes nos bases de données. Il est ainsi prévenu des contraintes mécaniques du sol et des contraintes administratives qui en découlent, comme l’obligation de faire des études géotechniques. Si le citoyen décide d’acheter le terrain, l’architecte se sert ensuite de ce document pour élaborer le projet en trouvant des solutions techniques.»