Série : Musées universitaires (1/5)
Zoologie, anthropologie, botanique, insectarium, arts contemporains, modernes, anciens, antiquités grecques et égyptiennes, livres anciens… On dénombre 28 musées universitaires ou collections ouvertes au public en Fédération Wallonie-Bruxelles (la liste est mentionnée en fin d’article). Des « institutions muséales » aussi variées que méconnues qui rassemblent des patrimoines exceptionnels, des joyaux, des pépites, pour ne pas dire des trésors.
Des musées et des collections qui prennent aussi la forme d’une sorte de joyeux « bazar ». Certains lieux sont quasiment accessibles 7 jours sur 7 et ont pignon sur rue. D’autres n’ouvrent leurs portes qu’à certains moments de la semaine et y accéder relève du jeu de piste. Certains ne sont réservés qu’à un public plutôt académique et professionnel.
Les cinq universités francophones belges tentent ces dernières années de mettre un peu d’ordre dans ce patrimoine, de le valoriser, voire tout simplement de dénombrer les richesses qui y sommeillent. Le chantier est colossal, tellement ces collections et leur localisation ou encore le statut de ces musées (asbl, facultaire, subventionné ou non…) et leurs lieux d’implantation sont bigarrés.

Inventaires en souffrance
« Les collections universitaires résultent pour la plupart d’initiatives personnelles de l’un ou l’autre professeur ou chercheur et sont (étaient) avant tout des outils didactiques et de recherche, au même titre que les laboratoires ou les conservatoires », pointe la Dre Nathalie Nyst, à l’ULB. Cela explique cette situation. Un constat qui vaut pour toutes les universités.
« Nous avons à l’université de Liège un certain nombre de collections qui ont des statuts et des états d’avancement extrêmement différents », indique le Pr Jean Winand. L’égyptologue a été premier vice-recteur de l’université liégeoise entre 2018 et 2022.
« Nous avons des collections pour lesquelles il n’y a quasi pas d’inventaires », détaille-t-il. « Nous avons des collections accessibles au public et d’autres qui ne le sont pas. Certaines sont exposées, d’autres dorment dans des armoires. Il y a des petites collections de quelques dizaines ou centaines d’objets. Il y en a qui en compte des millions. Certaines collections servent pour la science et sont donc des collections vivantes. D’autres sont des collections mortes… »

Pôle muséal à Liège, réseau des musées à Bruxelles
Profitant de ses fonctions de premier vice-recteur, le scientifique a lancé la création d’un pôle muséal et culturel à l’ULiège. Sa mission? Fédérer les acteurs du secteur autour d’un même projet scientifique et culturel, inventorier les collections, favoriser un dialogue entre les arts et les sciences.
À l’ULB, on ne parle pas de pôle muséal comme à Liège, mais bien du « réseau des musées de l’ULB ». Il a lui été mis sur pied dès 2003. « L’idée était déjà de donner davantage de visibilité à nos 14 musées et collections répartis sur nos quatre campus bruxellois (La Plaine, le Solbosch, Erasme et le Jardin Massart) et nos deux sites en Wallonie (Écomusée à Treignes et Centre de culture scientifique à Charleroi) », précise la Dre Nathalie Nyst. Cette historienne de l’art est la coordinatrice du réseau des musées de l’ULB. « Cela a permis d’organiser des activités communes, de nous aider mutuellement en cas de problèmes, de réfléchir à la destination de nouvelles pièces. L’objectif est aussi de protéger et de faire connaître nos collections.»
Cette volonté de publicité dépasse le cadre des frontières belges. Le réseau bruxellois est, en effet, membre et actif dans deux structures internationales: Universeum, et l’Umac, la section du Conseil international des musées (Icomm) dédiée aux musées universitaires. Ce qui fait dire à Mme Nyst que le réseau des musées de l’ULB est parfois mieux connu à l’étranger qu’en Belgique…

En 2021, l’UMons ouvre son propre musée
À Mons, l’université a créé son propre musée en 2021. C’est le plus jeune des musées universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles. « On s’est rendu compte que nous disposions de nombreuses collections, dont certaines sont assez précieuses », indique le Pr Francesco Lo Bue, directeur du MuMons. « Dont une grande collection de documents papier (on y retrouve notamment une bible de Gutenberg datant de 1452). Nous nous sommes aperçus que nous étions également riches de nombreux instruments scientifiques anciens, au gros potentiel didactique et culturel. Et que si nous ne faisions rien, ils risquaient de disparaître. Avec le musée, l’objectif est de sauvegarder ce patrimoine et de le valoriser. »
Pour le physicien, le MuMons est un musée moderne. « C’est-à-dire un endroit où on dispose de collections qu’on étudie, qu’on valorise et au travers desquelles nous pouvons organiser des activités de partage des connaissances avec nos publics, au sein du musée, mais aussi hors les murs », dit-il.
À Louvain-la-Neuve, le Musée L compte quelque 30.000 objets dans ses collections, dont une partie seulement est exposée. Si le Musée L a été inauguré en 2017 dans le bâtiment emblématique de l’ancienne bibliothèque des sciences et des technologies, l’origine de ses collections remonte au premier musée de Louvain-la-Neuve. Celui-ci, lors de son ouverture en 1975 ne comptait que 2.500 pièces.

Une utilité aux multiples facettes
Et à propos, à quoi « servent » vraiment les musées universitaires? À l’UNamur, la Professeure de philosophie Laura Rizzerio fait volontiers un parallèle avec… les missions de l’université. « Grâce à leurs collections, les musées universitaires servent à éduquer, ils servent à la recherche et ils sont aussi au service de la société », dit-elle. «Sans oublier qu’ils concentrent aussi un patrimoine qui, bien souvent, raconte l’histoire des lieux, du territoire, de l’institution. »
Une analyse que la Dre Élisa de Jacquier, directrice du Musée L, partage pleinement. « En ce qui concerne le service à la société, je pense qu’il y a à la fois la question de la conservation et de la mémoire, mais aussi, plus fondamentalement, de la reconnexion avec ses émotions. Le musée universitaire est un lieu où on peut susciter des questions et des débats, interroger les objets présentés selon différents prismes », conclut-elle.
Écoutez ici Élisa de Jacquier, directrice du Musée L à Louvain-la-Neuve, détailler son point de vue sur l’utilité thérapeutique d’une visite au musée:
Les 28 musées et collections universitaires en Fédération Wallonie-Bruxelles
Archives, patrimoine et réserve précieuse
Centre de Culture scientifique
Collection informatique
Collection de microscopie – μzoo
Collection de moulages
Écomusée du Viroin
Expérimentarium de chimie
Expérimentarium de physique
Jardin botanique Jean Massart
Musée d’anatomie et embryologie Louis Deroubaix
Musée de la médecine
Musée de minéralogie
Musée des plantes médicinales et de la pharmacie
Muséum de zoologie et d’anthropologie
ULB Culture – Collection d’art moderne et contemporain
A l’UCLouvain:
Musée L
Musée Couvreur (pharmacie)
Observatoire du monde des plantes
Maison de la Science
Musée en plein air
Hexapoda
Aquarium-Muséum
Musée Wittert
Musée de la Métallurgie et de l’Industrie de Liège
Galerie de la Botanique
Galerie de l’évolution
A l’UMons:
A l’UNamur:
Bibliothèque universitaire Moretus Plantin (BUMP)
L’UNamur ne compte pas de musée universitaire en tant que tel. Sa Bibliothèque universitaire Moretus Plantin, actuellement en travaux, s’y apparente cependant. Outre ses collections, elle organise régulièrement des expositions temporaires ouvertes au public.
NB 1. Cette enquête sur les musées universitaires a bénéficié du soutien du Fonds pour le journalisme en Fédération Wallonie-Bruxelles.
NB 2. Les illustrations qui émaillent cette série d’articles proviennent de l’application « Trezoors », réalisée dans le cadre de cette enquête. Trezoors est disponible gratuitement sur Apple Store et Google Play Store. (Voir notre article sur Trezoors)