Il existe plusieurs types de cancer du sein. Le plus commun est de type «canalaire». Il concerne 80% des tumeurs et est de loin le mieux connu des médecins.
Le cancer lobulaire par contre ne représente que 10 à 15% des cas. C’est sur ce dernier que le Pr Christos Sotiriou, Directeur de recherches F.R.S.-FNRS et médecin oncologue à l’Institut Bordet (Université Libre de Bruxelles- ULB) vient d’enregistrer, avec sa collègue le Dr Christine Desmedt, bio-ingénieur, une belle avancée.
« Au niveau histologique, il n’y a avait pas encore eu de grande étude sur le cancer du sein lobulaire », explique le Pr Sotiriou. « Nous avons eu l’occasion, de rassembler des échantillons de tumeurs de ce type provenant de quelque 600 patientes : une première».
Quatre années de travail et 600 tumeurs étudiées
Après quatre années de travail, sur des tumeurs provenant de patientes de Institut Jules Bordet, de l’UCL et de deux centres étrangers (Milan et Marseille), cette étude, soutenue par le F.R.S-FNRS, montre que les cancers lobulaires pourraient bénéficier d’une approche thérapeutique différente des autres types de cancers du sein, alors qu’aujourd’hui, ils sont traités de la même manière.
“On sait que les cancers lobulaires ont des comportements cliniques différents. Ils ont tendance à rechuter plus tard que les cancers canalaires et préférentiellement dans d’autres organes. Nous voulions en savoir davantage sur leurs caractéristiques moléculaires », précise le Pr Christos Sotiriou, directeur Laboratoire de recherche translationnelle en cancérologie mammaire, à l’Institut Jules Bordet où l’étude a été menée.
Caractérisation moléculaire des tumeurs
Elle a permis d’identifier les différentes mutations de gènes spécifiques aux cancers lobulaires grâce à l’utilisation des nouvelles technologies de séquençage de l’ADN.
Actuellement, le choix du traitement pour un cancer du sein est basé sur les caractéristiques de la tumeur, notamment le statut du récepteur aux œstrogènes et de HER2 .
« Les patientes dont les tumeurs expriment le récepteur aux œstrogènes seront, en général, traitées par hormonothérapie. Lorsque les tumeurs surexpriment HER2, les patientes recevront un traitement ciblant spécifiquement cette protéine (Herceptine)» , indique-t-on à l’Institut Jules Bordet.
L’étude a pu mettre en évidence la présence d’altérations dans le gène du récepteur aux œstrogènes ou dans des gènes impliqués dans sa régulation de manière plus importante que dans les cancers du sein canalaires.
Vers des traitements davantage personnalisés
Il a été suggéré que la présence de ces mutations pouvait être associée à une réponse ou une résistance aux différentes hormonothérapies et pourrait influencer le choix de l’hormonothérapie. Ce qui demande a être testé lors d’études cliniques.
De même, l’étude a pu identifier un nombre plus fréquent de mutations dans les gènes HER2 et HER3 dans les cancers lobulaires.
« Nos chercheurs ont observé que la présence de mutations dans le gènes HER2 était associée à un risque de rechute important à court-terme », indique le Dr Sotiriou.
« Les patientes dont les tumeurs présentent des mutations dans les gènes HER2 et HER3 pourraient bénéficier de traitements spécifiques qui existent déjà. Les résultats de cette étude montrent qu’une meilleure caractérisation moléculaire des cancers du sein lobulaires pourrait entrainer des implications importantes en termes de personnalisation de la prise en charge thérapeutique et de confort des patientes », conclut-il.